L’importation en Haïti des produits en ‘‘styrofoam’’, dépend-t-elle de
la présence des forces de l’ordre sur la frontière ?
Les frontières ne sont pas gérées avec la bible, mais plutôt
avec des fusils et des lois.
Étant à l'écoute de l'émission #
8 d’Haïti Climat[1]du
19 juillet 2019 avec le Ministre haïtien de l’Environnement, Joseph Jouthe, je
l'ai entendu faire cette déclaration. Il expliquait comment la liberté de la frontière
du côté d’Haïti est due à la non-présence des autorités locales sur sa quasi-totalité,
ce qui favorise par la suite la circulation sans contrôle des biens et des
personnes.
En effet, j’ai pu comprendre
encore une fois que la préservation de notre souveraineté, ce bien si précieux
que nous avons acquis aux prix du sang et des âmes, mais détenons précairement,
ne peut se faire encore que par des armes. Nous sommes tous, somme toute, tenus à toujours être prêts à des manifestations
de défense armées. Ce qui justifie la maxime latine : sivis pacem para bellum ;
si tu veux la paix, prépare la guerre.
Il est de règle que les frontières
sont contrôlées et sécurisées par l’armée, puisque le moindre envahissement armé
d’un autre Etat sera considéré comme une déclaration de guerre. Et, de ce fait,
il faut alors une force adéquate et proportionnelle pour défendre et protéger
le territoire attaqué.
En cet instant où nous écrivons
cet article, de fait, il n'existe pas de Force Armée d’Haïti (FADH) opérationnelle.
Le groupe d'hommes et de femmes à qui on attribuerait bien cette qualification
est baptisé au nom du Corps de Génie Militaire (selon le site du Ministère de la Défense : https://md.gouv.ht/corps.php) avec comme attributions
d'intervenir surtout lors des évènements naturels et autres cas qui
nécessiteraient leur intervention technique suivant les spécialisations disposées.
On aurait dit un corps militaire humanitaire !
Parti de ce constat, sans même
faire ‘‘un zoom in’’ sur les causes, il est une réalité indéniable que nous
n'avons pas physiquement d'armée en Haïti. Point de moyens forts de défense
nationale alors. Le principe juridique s’élucide en ce cas à raison en
déclarant que : sans la force, la loi est un tigre en papier.
Crédit photo : http://www.loophaiti.com/content/urgentla-republique-dominicaine-renforce-la-securite-la-frontiere
Justement, cette cause -
l'absence de l'armée - produit comme effet notre situation d'assujettissement ;
à toujours subir des autres. Nous sommes obligés à nous conformer et à travailler
aux intérêts de tous ceux qui nous considèrent comme une vache à lait. D’où
la faiblesse de notre diplomatie, de notre État. Ainsi il ne saurait être autrement lorsque des mesures
étaient prises en dates du 9 août 2012[2]
et du 10 juillet 2013[3]
par arrêtés présidentiels d'interdire l'entrée sur notre territoire des
produits de styrofoam. Tandis qu'ils constituent un pilier important dans
l'économie dominicaine dans ses exportations vers Haïti, ils sont des éléments très
nuisibles à notre environnement avec une durée de vie de 1 000 ans[4]
avant leur dégradation. Cependant, selon le Ministre haïtien de l’Environnement : " les dominicains produisent parce qu’ils ont
des demandes". Ces arrêtés, définitivement n’arrêtent rien !
‘‘Konstitisyon se papye, bayonèt
se fè’’. Quel est l'instrument de force de cette mesure ?
Sur des kilomètres que longe la frontière,
la présence des autorités haïtiennes ne se font remarquer que sur trois points,
affirme le Ministre. De surcroît, il a
ajouté qu'en outre d’absence de forces contraignantes, le manque d'argent pour
payer les gardes forestiers est un élément complémentaire à la non-application
de ces mesures à cause des citoyens qui n'honorent pas habituellement leur obligation fiscale.
Il a profité pour féliciter les anciens ministres qui ont fait beaucoup d’efforts
pour améliorer ces genres de situation et que c'est à son arrivée au ministère
qu'il a compris ce qu’ils confrontaient comme difficultés. ‘‘Lèw' minis wa
konprann !’’
Crédit photo : https://acento.com.do/2014/economia/8155371-montalvo-reclama-haiti-cese-de-inmediato-prohibicion-a-productos-dominicanos/
La Fontaine nous l'avait appris
depuis très longtemps : ‘‘La raison du plus fort est toujours la meilleure’’.
Aura-t-on jamais raison ? A quoi sommes-nous destinés en tant qu’Etat lorsqu'on sait
qu'en diplomatie la position de force dépend de ses moyens militaires ?
L'environnement qui est un bien
commun tout en n'appartenant à personne, est un aspect de notre État par lequel se terni notre souveraineté. N'accusant personne même quand nous sommes tous
responsables à un certain niveau, il est très important de plutôt savoir qui
peut aider à améliorer et/ou à résoudre le problème. C'est la mission de chaque
citoyen de contribuer par des gestes si petits qu'ils soient ou même
insignifiants, à la protection de notre environnement, parce que ‘‘tout sak’ pa
anyen plen yon panyen’’.
Crédit photo : http://www.loophaiti.com/content/400-millions-de-dollars-us-de-perte-par-sur-la-frontiere
Même quand rien n’est encore
fait légalement comme c’était précisé dans le dernier arrêté pour importer de préférence
‘‘…d’intrants, de récipients, de produits en papiers ou carton 100% biodégradable,
tel que les sachets et sacs à base de fibre, de sisal ou de pite’’, si les commerçants
haïtiens avaient décidé eux-mêmes de ne plus acheter ces produits malgré leur
fournissement à outrance, ce serait une alternative de poids aux armes qui
forcerait la République voisine à produire ces mêmes objets certes, mais de
nature différente des styrofoams.
D'où un rôle capital des
associations des consommateurs, des organisations des marchands, des chambres
de commerce et d’autres organisations de la société civile, d'unir les voix et
les positions des acteurs principaux directs du commerce au profit également de
l’environnement.
Mariot ESTIMABLE
Samedi 17 août 2019
Samedi 17 août 2019
… 1.
Il est formellement interdit de fabriquer, d’importer, de commercialiser et
d’utiliser, de quelque manière que ce soit, les sachets en polyéthylène noir;
2.
Il est formellement interdit de fabriquer, d’importer, de commercialiser et
d’utiliser, sous quelque format que ce soit, les objets en polystyrène expansé
(PSE ou PS cristal ou styrofoam) à usage alimentaire unique, tels que plateaux,
barquettes, bouteilles, gobelets et assiettes…
… Il
est porté à la connaissance du public en général que le Conseil des Ministres,
en sa séance du 10 Juillet 2013, a adopté un arrêté interdisant la
production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation, sous quelque
format que ce soit, des sacs en polyéthylène et des intrants et objets en
polystyrène expansé (PSE ou PS cristal ou styrofoam) à usage alimentaire
unique, tels que plateaux, barquettes, bouteilles, sachets, gobelets et
assiettes. Ledit arrêté, remplaçant celui du 9 Août 2012, témoigne de la
volonté des autorités de prendre toutes les mesures garantissant un
environnement sain à la population en vue d’un meilleur cadre de vie ainsi que
de promouvoir une culture de recyclage et d’usage de produits biodégradables
susceptibles de protéger l’environnement.
Dès l’entrée en vigueur
dudit Arrêté, soit à partir du 1er Août 2013, tout arrivage de colis contenant
ces objets sera confisqué par les autorités douanières et les propriétaires
sanctionnés conformément aux dispositions du Code Douanier.
Parallèlement,
les dispositions nécessaires seront prises par le Ministère de l’Economie et
des Finances en vue de faciliter l’importation d’intrants, de récipients et
produits en papier ou carton 100% biodégradable ainsi que les sachets et sacs à
base de fibre, de sisal ou de pite…
[4] http://www.siedmto.fr/tri-et-prevention-des-dechets/duree-de-vie-des-dechets/